Une brève biographie de Virginia Hall (1906- 1982)
Les années de formation
Née en 1906 à Baltimore aux Etats Unis dans une famille bourgeoise, Virginia Hall rêve d’aventure. Engagée contre son gré par sa mère dans une union avec un homme riche, Virginia parvient à rompre les fiançailles et à s’installer en France où elle continue ses études de langues. Elle apprend le français, l’espagnol, le russe l’allemand et l’italien. Dans les années 30, elle entreprend une carrière de diplomate américaine, d’abord en Pologne, puis en Turquie. Elle perd une jambe accidentellement en Turquie et cet handicap l’empêche de monter les échelons de la diplomatie.
Elle quitte la diplomatie au début de la Deuxième Guerre mondiale pour se rendre en France et rejoindre la
résistance. Elle devient ambulancière dans l’armée française, mais après la victoire nazie en France elle s’échappe à pied jusqu’en Espagne par le chemin de la Liberté des Pyrénées. De là, désireuse d’aider la résistance française ,elle parvient à rejoindre Londres et propose ses services à la Direction des opérations spéciales (SOE), les services secrets britanniques, qui l’acceptent et qui la forment à ses futures missions.
Son entraînement terminé, elle retourne en France en tant que journaliste du New York Post à Vichy. En réalité, elle s’emploie à collecter et envoyer des informations à Londres. Elle aura sauvé les vies de pilotes alliés et de prisonniers qu’elle amenait dans des cachettes.
Une espionne américaine redoutable et redoutée en France sur le Plateau
Considérée comme la plus dangereuse des espions alliés par la Gestapo ,le SIPO- SD, et , à Lyon,
par Klaus Barbie , ces derniers s’efforcent de l’arrêter. Si bien qu’en 1942, elle finit par être repérée et doit quitter la France in extremis pour échapper à une arrestation. Elle veut y retourner, mais la SOE refuse, car son identité est connue des services de police allemands. Elle fait une pause dans sa carrière d’espionne jusqu’en 1943-1944, lorsqu’elle entend parler de la préparation d’un débarquement allié en Normandie.
Elle approche les services secrets américains (OSS) qui la renvoient en France .Elle travaille dans une ferme où elle s’occupe de la distribution des produits laitiers dans les camps militaires allemands. Considérée comme inoffensive par les officiers allemands, elle recueille des informations sur les plans secrets de l’ennemi qu’elle transmet par radio à Londres.
Elle facilitera la préparation du débarquement allié sur les côtes normandes en détruisant avec
d’autres résistants quatre ponts et fait dérailler des dizaines de convois de ravitaillement allemands, tuant ainsi 150 soldats ennemis .
Opératrice radio et chef de réseau, elle soutient la résistance française dans la région lyonnaise et dans le centre, puis contribua à organiser une vingtaine de parachutages au Chambon-sur-Lignon et ainsi à la libération de la Haute-loire à l’été 1944 .
Le témoignage de Georges Coutarel : Souvenirs d’un résistant maquisard à Villelonge
« … Presque chaque nuit, un parachutage survenait sur le terrain homologué qui couvrait plusieurs hectares. Ce sont au total environ 20 parachutages qui se sont déroulés entre le 10 juillet et le 10 septembre 1944 sur le terrain de Villelonge.
Ils apportaient chaque fois un important matériel militaire, mitraillettes Sten, fusils mitrailleurs, fusils, revolvers, munitions, explosifs, médicaments d’urgence, pansements, des cigarettes, du chocolat, parfois aussi des billets de banque imprimés par les Alliés, qui étaient placés dans un container comportant des signes apparents annoncés par radio à Bob.
Le terrain de réception était balisé par des lampes électriques relativement puissantes dont la
lumière laissait apparaître, pour les pilotes, un Y dessiné au sol … Les parachutages étaient préparés et organisés par une femme officier anglaise que nous ne connaissions que sous le sobriquet de « La Madone ».
Il m’a été donné de la rencontrer 3 ou 4 fois lorsque je me suis rendu, en compagnie de Bob, dans la ferme retirée de Roybet près de la Suchère dans la commune du Chambon où elle avait installé un poste émetteur. Elle paraissait souffrir d’une infirmité à un membre inférieur.
Bob m’apprit qu’elle était un très important personnage des services secrets interalliés, ce qui lui permettait de disposer de moyens exceptionnels en armes et matériel de sabotage et de destruction. La majeure partie de l’armement et l’équipement reçu, transportés par des chars à bœufs de paysans amis, étaient stockés dans plusieurs bâtiments placés sous le contrôle très strict d’hommes de la compagnie YP : l’un d’entre eux se trouvait à Chaniaux, un autre occupait une grange dans le village de Villelonge.
Au cours d’un parachutage nous avons accueilli successivement 4 forteresses volantes venus
d’Alger qui larguèrent une cargaison très importante. Une autre fois, nous avons vu arriver,
accrochés aux parachutes 3 officiers des armées alliées... »
Après la guerre, Virginia Hall est remerciée par son pays pour son action durant la Seconde
Guerre mondiale. La cérémonie de remise de médaille est tenue secrète, car elle voulait continuer
sa carrière d’espionne. Elle devient l’un des premiers agents de la CIA, le principal service de
renseignement des États-Unis, créé en 1947 en vue de mener la guerre froide dans le bloc de
l’est européen sous influence soviétique.

Alice Mongour Henry et Jacky Henry dépliant une toile de parachutage retrouvée
sur le terrain de Villelonge