La Résistance en France en 1944
Lucien Febvre, dans son cours au collège de France des années 1945-46 et 1947, intitulé « Honneur et patrie. Une enquête sur le sentiment d’honneur et l’attachement à la patrie »[1], pose un problème historique essentiel. L’idée lui en est venue, dit-il, « un triste jour de 1942 »[2].
Son ami et complice de la revue des Annales, le médiéviste Marc Bloch (cadre du mouvement Franc-Tireur/MUR) a été exécuté le 16 juin 1944, extrait de la prison de Montluc avec 26 autres résistants, fusillés dans un champ au lieu-dit Les Rousilles, au nord de Lyon.
Lucien Febvre écrit, dans la première version : « 1942 : [nous] connaissions d'affreux déchirements. De jeunes hommes, nos fils et nos frères, mouraient sur la terre d'Afrique, chaque jour, aux côtés des soldats anglais ou bien seuls, en petits groupes héroïques et perdus dans le désert, mouraient en renouvelant chaque jour un même acte de foi dans ce qu'ils croyaient, savaient être le salut de la Patrie.
Cependant, d'autres hommes, nos fils et nos frères, prisonniers d'eux-mêmes dans les ports de la Méditerranée et maintenus par des vieillards, les uns cyniques et calculateurs, les autres absurdement crédules et déformés par cette espèce d'usure qu'exerce à la longue sur des hommes qui ne possèdent pas un ressort particulièrement ferme, la pratique de la discipline militaire, maintenus par ces vieillards dans les voies d'une discipline qui finalement se trouvera déboucher sur la trahison, d'autres hommes, d'autres Français acceptaient sans révolte d'étonnantes prédications de déchéance, et faisaient renaître, sous une forme nouvelle, certains des sentiments qui avaient été fondamentalement ceux des émigrés, ceux des hommes de 1815, ceux de ces notables de 1871 dont je vous parlais tout à l'heure.
Conflit abominablement tragique et qui pose bien des questions. Il aboutit vous savez à quoi. Un jour, les mêmes sinistres vieillards, restant d'ailleurs pour la plupart soigneusement à l'abri, leur donnèrent sans hésiter des ordres criminels.
Et, à ces ordres, sans hésiter, ces Français obéirent. On les vit, sans hésiter, alors qu'ils savaient..., se jeter au-devant des grands navires chargés d'espérance qui venaient d'au-delà de l'Atlantique nous apporter notre premier véritable réconfort. Ils se suicidaient ainsi : héroïquement, misérablement. Mais pourquoi ? mais comment ?
Voilà ce que je me demandais avec angoisse un triste matin de 1942 où je venais d'apprendre d'une mère douloureuse, d'une Française[3], qu'un de ses fils, officier de marine venait de mourir ainsi, de se suicider ainsi en mer, courageusement, pour défendre ce que son frère, officier de coloniale et parti dès le début avec les troupes de Leclerc, entendait bien détruire au prix de son sang, s'il le fallait.
Or, par-derrière ces deux attitudes si différentes, qu'y avait-il ? Laissons de côté l'énigme, la triste énigme des chefs. Laissons de côté les cyniques vieillards.
Laissons-les se débattre contre eux-mêmes, entre leurs calculs déjoués, leurs faiblesses coupables, leur inintelligence partisane, leur usure physique et morale.
Mais les jeunes, ceux dont je vous parlais tout à l'heure ?
Évidemment, ils parlaient le même langage. Ou plus exactement ils disaient les mêmes mots, les mots sacrés, les mots dynamiques, ceux qui parlent aux consciences des meilleurs. Discipline (c'étaient des soldats) ; Fidélité (c'étaient de nobles hommes) ; Courage (c'étaient des Français) ; Honneur et Patrie enfin : ces deux mots, l'officier de Leclerc les avait lus cent fois sur les plis du drapeau, l'officier de marine les avait lus tous les jours sur la passerelle de son navire.
Les mêmes mots, donc les mêmes idées ? Est-ce bien vrai ? Telle est la question fondamentale que je me posais en 1942, ce triste matin... Telle est la racine même de ce cours ».
Dès la demande d’armistice et le geste du général de Gaulle appelant à la poursuite de la guerre aux côtés des Alliés, puis l’installation de l’État français à Vichy, on assiste au décrochage entre le légal et le légitime, revendiqué par la France Libre qui entend offrir une voie alternative à la collaboration avec le IIIe Reich.
Quelle autorité est légitime ? la question affleure jusque dans les territoires sous mandat. Dans les archives de l’Université Saint Joseph de Beyrouth, le formulaire de reconnaissance du Maréchal Pétain atteste du trouble, installé dans les consciences. Il s’agit d’une « déclaration manuscrite d’engagement », à en-tête du Secrétariat général, qui émane du service du personnel de l’université : « Je soussigné (nom, prénom, qualité) déclare solennellement reconnaître comme seul Gouvernement légal de la France le Gouvernement du Maréchal Pétain. Étant appelé à prêter mon concours aux autorités d’occupation, quelles qu’elles soient, je m’engage sur l’honneur à conserver à ce concours un caractère purement technique et à demeurer, par ailleurs, fidèle audit Gouvernement[4]. »
Ce qui prend le nom de résistance dès les premiers mois de l’occupation, procède largement d’un choix (dont tous les ressorts ne sont pas connus) qui tient à un réflexe de défense des sociétés dont les normes sont brutalement modifiées par l’intrusion de nouvelles autorités d’occupation : allemandes et italiennes dont les multiples zones, qui varient après novembre 1942 puis septembre 1943. Ce réflexe déclenche, en parallèle, une réflexion tendue vers l’avenir sur les facteurs qui ont déclenché la guerre, l’état-nation, la République, l’économie mondiale, les États-Unis d’Europe et les Etats-Unis du monde, tous sujets susceptibles de construire un monde meilleur après la victoire contre les fascismes. S’opère alors une réappropriation des valeurs qui ont façonné ces mêmes sociétés, notamment à travers l’enquête menée par la France libre « Pourquoi je suis républicain ? réponse d’un catholique, d’un socialiste, d’un historien (Marc Bloch) etc. » publiée dans la clandestinité.
Une résistance, spontanée et minoritaire, issue de tous les milieux politiques et sociaux, apparaît d’emblée comme multiforme : réseaux d’évasion, de sauvetage et de renseignements, groupes de sabotage ; presse clandestine ; faux papiers etc.
Elle s’articule progressivement avec une autre résistance du dehors, en contact avec les Alliés, qui fournit des consignes, des moyens et des fonds, des liaisons nécessaires à l’acheminement des renseignements et à la planification de l’action dans un constant échange entre intérieur et extérieur.
L’évolution des modes d’action et du nombre de personnes engagées se diversifie et augmente tout au long de l’occupation. On estime à 5 700 le nombre des agents des réseaux du BCRA en France et à environ 150 000 le nombre des résistants ayant œuvré dans les 266 réseaux homologués après-guerre.
Les formes prises par la résistance évoluent en fonction du contexte général de la guerre mondiale et des méandres de la politique de collaboration engagée par l’État français dès l’été 1940. Il faut également prendre en compte, le contexte régional et local pour comprendre que chaque organisation clandestine s’adapte aux événements à cette triple échelle : la première, locale, est modelée par la présence allemande et milicienne (et autres supplétifs) ; la seconde, régionale, tient compte de la proximité des frontières (filières d’évasion, d’exfiltration des agents brûlés et des personnes persécutées, et de transmission des renseignements) et de l’état des liaisons (maritimes, aériennes, radio…) ; la troisième échelle, mondiale, intègre les événements à portée mondiale et les anticipations qui les accompagnent.
Autant dire que les données mondiales de la guerre influent non seulement sur le moral des populations, sur leurs attentes mais également sur leurs modes actions clandestins.
Depuis novembre 1942, certains territoires ont été libérés par les Alliés comme l’Afrique du nord, après l’opération Torch. L’été 1943 avec le débarquement allié en Sicile et la libération de la Corse depuis fin septembre 1943 marque les esprits. De nombreux événements sont interprétés comme annonciateurs d’une victoire alliée prochaine : les forces de l’Axe sont chassées d’AFN en mai 1943 ; la chute de Mussolini en juillet et l’armistice signé par le gouvernement Badoglio le 8 septembre 1943 entrainent un renversement d’alliance en Italie ; le reflux de la Wehrmacht sur le front de l’est depuis le début de l’année également, après février 1943 défaite de Stalingrad. Mais la guerre est loin d’être terminée car la machine de guerre et d’extermination nazie tourne à plein régime grâce à la main d’œuvre forcée et déportée dans le Reich. La propagande nazie mise sur « les armes secrètes » V1 et V2, dont des rampes de lancement sont installées dans le nord de la France, en vue d’attaques sur Londres.
Dans ce climat effervescent où l’attente est particulièrement forte : l’attente d’un débarquement en France - où les Allemands procèdent au renforcement des constructions du mur de l’Atlantique - que l’on croit imminent sur les côtes de la Méditerranée plutôt qu’en Normandie. On veut croire la guerre presque terminée.
En 1944, l’attente s’exaspère pour des groupes de résistance pressés de passer à l’action (maquis, corps francs, groupes d’action immédiate (sabotages), réseaux de renseignements) alors que seule une planification des actions en vue du jour J est élaborée à Londres et à Alger.
1944 est l’année de tous les affrontements et des grandes batailles contre les maquis. Accélérations : Le gouvernement français est devenu un état satellite du Reich, milicien pronazi depuis fin 1943 ; la métropole est entièrement occupée ; les effectifs militaires allemands plus nombreux, de même que les frais d’occupation sont plus lourds (600 millions de francs par jour).
Le débarquement en Normandie, le 6 juin, marque une rupture qui installe, côté résistance, la certitude d’une victoire alliée qui se rapproche.
Chez les clandestins, résistants et réprouvés, s’installe une sorte de fièvre organisatrice mais également une frénésie d’actions, parfois prématurées et surtout une très sévère répression déclenchée contre les maquis depuis l’automne 1943, avec des moyens militaires importants déployés par les Allemands. Le fait majeur est une triangulation avec la Milice et les supplétifs des forces d’occupation, notamment les Gardes mobiles de réserve (GMR) dont les effectifs ont doublé depuis 1941 (passant de 7000 à 13 000) et les doriotistes dans un climat de guerre civile qui couve, à bas bruit, visible seulement à l’échelle locale, mais qui occasionne de nombreuses exactions et crimes de guerre.
Vue d’en haut, on peut identifier une résistance plus organisée qui prend des airs d’État clandestin (AS et armée d’Afrique, CNR, FFI, centres d’antennes, COFI, DMR, etc.), mieux représentée depuis novembre 1943 avec l’installation de l’Assemblée consultative d’Alger. L’ensemble des organes devant préparer le rétablissement de la légalité républicaine et procéder à l’épuration ont été pensés et préparés. Les parachutages alliés sont plus nombreux (90% d'un total de 10 000 tonnes en 1944), les liaisons décentralisées moins fragiles.
La France libre, devenue comité national français puis comité français de libération nationale (juin 1943) et enfin, en juin 1944, gouvernement provisoire de la république française, s’incarne dans une seule figure, celle du général de Gaulle qui a réussi à s’imposer face au général Giraud soutenu par les Américains, grâce auxquels, l’armée d’Afrique a pu être constituée et équipée pour combattre aux côtés des Alliés (campagne d’Italie, débarquement en août 44 Provence).
Résistance intérieure et Résistance extérieure ne partagent pas la même vision des choses.
Vue de Londres, la Résistance est une organisation destinée à soutenir l’action des Alliés. Les formations paramilitaires (groupes de choc ou groupes francs) des mouvements doivent être unifiées au sein d’une Armée secrète (AS) sous la tutelle du BCRA, d’abord en zone sud à l’automne 1942 (Combat, Libération-Sud, Franc-Tireur) puis en zone nord à l’automne 1943 (Libération-Nord, l’OCM et d’autres).
Le chef de l’Armée secrète est désigné par Londres : le général Delestraint en octobre 1942 qui met en place des commandements régionaux et départementaux unifiés.
Les troupes de l’AS sont intégrées dans les FFI (Forces françaises de l’intérieur) en février 1944. Les effectifs sont évalués à 150 000 hommes potentiellement combattants dont 30 000 sont désignés comme « actifs ».
1944 est l’année de l’aide alliée, des parachutages d’armes et d’envoie de missions militaires
Les équipes Jedburgh : trois officiers dont un opérateur radio, parachutés pour instruire et coordonner action des maquis avec les armées régulières. 93 équipes sont parachutées en France à partir du printemps 1944.
Les SAS (Special Air Service) unités aéroportées, troupes d’élites britanniques chargées du sabotage des infrastructures.
Les OG (American Operational Group), troupes capables de combattre aux côtés des maquis de manière autonome.
Vue d’en bas, règne dans les rangs de la Résistance une atmosphère d’ébullition qui met en danger les structures clandestines, menacées par l’irrépressible besoin d’action et d’affrontement avec la Milice. Un degré d’hostilité est franchi depuis les exécutions d’otages, la guerre contre les maquis par les Allemands et polices françaises et les crimes contre les civils notamment à Oradour-sur-Glane ou à Tulle. L’hostilité est exacerbée.
Pour Jean Cocteau, l’atmosphère de l’été 1944 se caricature en une phrase, notée dans son journal le 1er juillet : « La Résistance qui prend des villes et embrouille l’itinéraire des troupes, la Milice qui fusille la Résistance et la Résistance qui fusille la Milice […] »[5].
Cette guerre civile par procuration menée par les miliciens pour le compte des Allemands est identifiée par Albert Camus dans ses éditoriaux de Combat comme « guerre totale » qui ne laisse personne en dehors du choix entre deux camps d’ennemis irréductibles. « Il n’y a plus désormais, écrit-il en juillet 1944, que deux partis en France : la France de toujours et ceux qui seront détruits pour avoir tenté de la détruire »[6].
La guerre contre les maquis est le phénomène majeur de l’année 1944
Origine du phénomène : Des résistances à la « déportation du travail », selon l’expression des contemporains, s’organisent dès mars 1942 par des grèves, des manifestations et des sabotages. Fin décembre 1942, apparaissent spontanément les premiers maquis, qui servent de refuge, en Haute-Savoie ou en Haute-Lozère, dans les bois et les montagnes, assurant leur subsistance par des coups de main et l’aide villageoise qui nourrit et protège.
Les maquis, intégrés dans la Résistance, n’ont regroupés qu’une partie des « réfractaires » du STO (15 à 20%), soit au total 30 à 40 000 personnes, dans le Doubs, l’Isère, l’Ariège, le Tarn, le Jura et les Alpes-Maritimes. Organisé en petites unités d’une trentaine d’hommes, la mobilité du maquis lui permet de faire face à la dure répression du printemps 1944.
Les premiers maquis (fin 1942) servent de refuge aux personnes persécutées : juives, antifascistes autrichiens, allemands antinazis, polonais, républicains espagnols, agents « brûlés » des réseaux de résistance ».
Après février 1943 (STO), les « réfractaires » s’y ajoutent. Les mouvements de résistance doivent s’adapter à cet afflux de jeunes gens (ravitaillement, vêtement, discipline, etc.) qu’il s’agit d’instruire et de transformer, dans la mesure du possible, en combattants.
Les structures d’encadrement (AS, FTP, ORA) ont des conceptions différentes du combat.
Partout, le ravitaillement, l’encadrement militaire et les armes manquent, les parachutages alliés étant insuffisants. En tout 196 000 Sten ont été réceptionnées par l’ensemble des maquis (On considère qu’un groupe est armé quand il y a une arme pour dix combattants).
Nés en dehors des organisations de résistance, les maquis vont progressivement s’y intégrer jusqu’à l’incarner dans les combats de la libération à l’été 1944.
Divergences entre résistance intérieure et extérieure : Pour le général de Gaulle depuis Londres puis Alger (1943), le ralliement de la résistance intérieure constitue le principal socle de légitimité face au régime de Vichy et aux Alliés britanniques et américains. Il a une conception militaire de la résistance (formation des FFI en février 1944), destinée à se transformer en armée régulière après la Libération.
Mais les mouvements, créations spontanées, souhaitent garder l’indépendance en matière d’action immédiate et ne sont pas mis au courant des plans alliés.
Cette armée clandestine de réserve, rassemblée dans des « réduits mobilisateurs » (Alpes, Jura, Massif central, Pyrénées) qui doit agir dans le cadre des opérations alliées en vue de la libération du territoire (Jour J) selon des plans de destruction pour ralentir l’arrivée des renforts sur le front de Normandie en juin 1944 (plan vert, violet, tortue, etc. envoyés aux responsables)
Des spécialistes entraînés à couper les voies ferrées, faire sauter les ponts, rompre les communications longue distance des Q.G. allemands au signal donné par la BBC dans les « messages personnels »
L’action consiste à attendre les consignes alliées en maintenant les groupes en réserve
Pour les Alliés, le seul rôle dévolu à la résistance intérieure est une fonction d’obstruction des mouvements de troupes allemandes. Ils ne comptent pas sur leur capacité de constituer une force combattante de diversion.
Quatre types d’actions sont prévues :
« L’action immédiate » visant à frapper l’ennemi dans son potentiel militaire avant le jour J : sabotages industriels et transports organisés par des « groupes francs », sorte d’élite qui par son activisme reste sur l’offensive.
L’Armée secrète (AS) prête à intervenir au jour J dans un mouvement populaire de levée en masse.
Les maquis armés devaient se joindre aux opérations de libération avec l’Armée secrète au jour J.
Des régions militaires :
En zone sud, six régions de R1 (Lyon) à R6 (Clermont-Ferrand)
En zone nord, A (Nord); B (Bordelais); C (Nord-Est, Alsace); D (Bourgogne, Franche-Comté); M (Bretagne-Normandie); P (région parisienne), découpées en 19 subdivisions
Chaque secteur a son responsable, dans une discipline consentie, mais pose des problèmes d’obéissance. Il n’y a pas de « fonctionnarisation » de la résistance voulue par Londres
Mais cette organisation théorique rencontre la frustration des chefs fondateurs des mouvements : « La clandestinité de notre action et de notre organisation n’a pas développé une obéissance aveugle à n’importe quel chef, mais aux seuls chefs qu’ils connaissent, c’est-à-dire avec lesquels ils étaient en relation. La discipline chez nous est à base de confiance et d’amitié. Il n’y a pas de subordination au sens militaire du terme…Si vous cherchez à amener des cadres nouveaux pour prendre le commandement de ses éléments, je vous prédis l’échec dans la majorité des cas… »[7] comme le souligne Henri Frenay, le chef de Combat.
Mais la Résistance s’inscrit dans la continuité de la Révolution française qu’il s’agit d’achever. Certaines organisations résistantes revendiquent d’en être à la fois l’élite et l’avant-garde. La désobéissance prend des airs d’utopie sociale (fixation des prix et répartitions des denrées) : par exemple chez Georges Guingouin, l’insaisissable « préfet du maquis du Limousin ».
Instituteur communiste, blessé lors de la bataille de France, traqué par la police pour des activités de résistance (tracts), plonge dans la clandestinité dès 1941.
Il forme des groupes de francs-tireurs dans la forêt de Châteauneuf en Haute-Vienne : organise attentats, raids et actions de sabotage, vol d’explosifs. Guingouin exerce également une justice distributive et lutte contre les faux maquisards (banditisme).
Une très grande connaissance du pays, rend les maquisards insaisissables. Voir la « théorie des boules de mercure » formulée par Charles Tillon (chef des FTP) pour la guérilla urbaine.
Vivre libre ou mourir, la devise des Glières, s’inscrit dans cette perspective d’ouverture du champ des possibles dans des enclaves où la République a été rétablie (Glières ; « République du Vercors » ; « Quatrième République » du colonel Romans-Petit chef des maquis de l’Ain ; « République de Mauriac » dans le Cantal, etc.).
L’escalade de la répression en 1944 et plus encore après le 6 juin :
Commencée depuis l’automne 1943, la résistance prend une dimension militaire avec les grandes heures du maquis : le 5 juin 1944, des appels de la BBC (210 messages) donnent le signal de la « montée au maquis », avec des effectifs maximums de 100 000 en juin puis de presque 500 000 maquisards à la Libération.
Avant le D-Day, l’ordre général allemand du 3 février 1944 « sur la lutte contre des terroristes » encourage la répression. Il s’agit d’exécuter sans jugement les francs-tireurs. Dans un premier temps, il s’agit d’opérations de police qui prennent une dimension militaire avec l’intervention d’unités spécialisées de la Wehrmacht, soutenue et guidée par des forces supplétives fournies par l’État français (Milice, GMR, polices parallèles des partis collaborationnistes). Les Allemands prennent la direction des opérations contre les maquis dès la fin 1943, associant le commandement SS en France, en la personne du général Karl Oberg. Elles concernent la Corrèze et le Puy-de-Dôme durant l’automne 1943 avant de prendre l’envergure de grandes opérations de ratissage dans le Massif central que les Allemands surnomment « la petite Ukraine »[8], dans les Alpes et ailleurs en 1944 : opération Korporal dans l’Ain en février 1944; Hoch-Savoyen contre le plateau des Glières fin mars; opération Brehmer en Dordogne fin mars-début avril; opération Frühling dans l’Ain et le Jura en avril. L’arrivée de la division SS Hohenstaufen mise en repos en Provence occasionne, entre le 26 février et le 4 mars 1944, la répression sauvage des maquis des Cévennes qui se solde par des massacres de villageois et des habitations incendiées (Ardaillès, Les Crottes) après le repli des combattants. Au printemps, après la répression des Glières, le 27 mars, celle d’Ascq, dans le Nord, où, le 2 avril, 86 personnes ont été massacrées par les SS en représailles d’un sabotage ferroviaire ; la « semaine sanglante » du 31 mars au 7 avril en Corrèze qui fait une centaine de morts et déportés, résistants et juifs ; les « Pâques rouges » que connait le Haut-Jura entre le 7 et le 17 avril[9].
Pour le seul mois d’avril 1944, un rapport du commandement militaire allemand en France comptabilise, pour l’ensemble du territoire, 569 « terroristes » fusillés, 4463 personnes arrêtées, 528 travailleurs envoyés au STO, grâce à 3 grandes opérations et 138 de taille plus modeste menées par l’armée, la Feldgendarmerie et le SD[10].
Après le 6 juin 1944 : L’Oberbefehlshaber West du 8 juin prescrit « une dureté sans égard » dans les régions « infestées » par « les bandes ». Il est suivi par l’ordre de Keitel de juillet 1944 d’évacuer la population masculine des régions contrôlées par les maquis, permettant l’escalade de la répression allemande[11] qui ponctuellement se transforme en crimes de guerre.
Opérations de ratissage planifiées, dirigées par la Wehrmacht (unités infanterie, blindés, forces de police et de sécurité, unités parachutistes, troupes de l’Est), prend une dimension stratégique : liquider des zones d’insurrections à l’arrière des lignes de front. Sont particulièrement visés, les maquis du Limousin, du Vercors, du Mont-Mouchet en Auvergne et le maquis Saint-Marcel en Bretagne. La tactique la plus courante consiste à un encerclement de nuit et à l’anéantissement du maquis, contraint à la dispersion ou au repli.
La politique de division entamée par l’occupant dès l’été 1944 se mue en politique de terreur de la Wehrmacht : « effrayer les habitants de ces régions continuellement infestées auxquels on doit définitivement faire passer l’envie d’accueillir les groupes de résistance et de se laisser gouverner par eux ». Après le débarquement en Normandie, des troupes supplétives de la Wehrmacht se spécialisent dans la répression des maquis, tout en se livrant à des pillages et atrocités contre les civils, et des troupes d’élite comme la division Das Reich ratisse les maquis du Limousin et du Périgord.
Les villes et villages martyrs (2e division SS Das Reich) comme Tulle (9 juin 1944) et Oradour-sur-Glane (10 juin 1944) illustrent la vengeance systématique sur les civils.
La Milice à l’œuvre : A Saint-Amand-Montrond dans le Cher, paisible ville de zone sud, de 11 000 habitants, aux environs de laquelle une cinquantaine de familles juives s’était réfugiée à partir de 1939, des crimes d’une cruauté inouïe sont accomplis par la Milice et au SD (Sicherheitsdienst) de Bourges. L’enlèvement par les maquis locaux de Simone Bout de l’An, femme du théoricien de la Milice Francis Bout de l’An, successeur de Darnand à la tête de l’organisation, au moment de la libération prématurée de la ville, les 6 et 7 juin 1944, à l’annonce du débarquement allié en Normandie, déclenche des doubles représailles[12]. Dès le lendemain, le centre-ville est pillé et incendié par l’intervention d’un bataillon du 1000e régiment de sécurité de la Brigade Jesser, spécialisée dans la lutte contre les maquis d’Auvergne et du Limousin[13], occasionnant la mort de 19 personnes[14]. Au terme de négociations ardues concernant des échanges d’otages entre miliciens et résistants, la vengeance de la Milice, appuyée par l’occupant, s’abat sur des juifs, spécialement raflés dans la nuit du 21 au 22 juillet, dans une logique d’assimilation idéologique et méthodique entre la figure du « partisan » et celle du « juif ». 36 personnes « israélites », dont 8 femmes, pour la plupart réfugiées d’Alsace-Lorraine, sont précipitées dans les puits de Guerry fin juillet-début août 1944, secrètement liquidées sur place au lieu d’être déportées[15]. Saint-Amand, première ville soulevée, n’est finalement libérée que le 13 septembre 1944.
Un pays en désordre, où se déclenche une épuration extra-légale, donnant lieu à des scènes de joie mauvaise (femmes tondues) mais la guerre n’est pas terminée. On se bat dans les poches de l’Atlantique jusqu’au printemps 1945.
De Gaulle visite les régions libérées à l’automne 1944 et rend hommage aux résistants mais souligne, dans ses Mémoires, le piteux état du pays, une armée en guenilles et l’argent[16] volatilisé qui servira à faire le procès de la résistance dans les années qui suivent. On évalue, sur le terrain, le montant total des « réquisitions armées », argent récupéré, essentiellement effectuées pendant l’année 1944, à 4,5 milliards de francs, dont deux attaques de convois de la Banque de France : 1 milliard pris en gare de Clermont-Ferrand le 9 février par le Front National[17] et 2,28 milliards, subtilisés en gare de Neuvic en Dordogne par les FFI le 26 juillet 1944[18]. Après le débarquement, les attaques contre les postes, les mairies, les perceptions et les comptoirs de la Banque de France se sont multipliées au point que cette dernière recherche les moyens de rendre inutilisables les billets prélevés[19].
Comme le souligne Jacques Brunet, directeur du Trésor, au début du mois de juillet 1944, « 600 perceptions environ » auraient fait l’objet d’attaques semblables par ce qu’il est convenu d’appeler « les forces de la dissidence »[20]. Le 21 septembre 1944, la Banque de France estime à 3.486 millions de francs « le montant net des prélèvements effectués par les Forces de la Résistance », à 3.724.515.088 francs au 5 octobre 1944, compte tenu des sommes restituées[21]. Le 3 juillet, à Villefranche-de-Rouergue « où il n’y a plus ni police, ni troupes d’occupation, une centaine de personnes armées » ont mis la main sur 2 millions de francs. « A partir du moment où les forces de police font défaut, ajoute Brunet, une situation exceptionnelle est créée qui requiert des mesures également exceptionnelles »[22]. Parmi ces « prélèvements irréguliers », d’authentiques vols « à main armée » sont perpétrés dans la confusion générale, par exemple près de Saint-Germain-en-Laye, le 11 juillet 1944, où 105 millions sont dérobés d’un convoi de fonds par des Français sous uniforme allemand, munis d’une « pince monseigneur », qui s’enfuient « avec leur butin, au moyen de trois voitures Citroën ». « Bien que l’un des agresseurs ait invoqué la « Résistance », il semble qu’il s’agisse là d’individus sans mandat, opérant pour leur propre compte. Aucun reçu, d’ailleurs n’a été délivré » dit le compte-rendu fait devant le Conseil Général de la Banque de France[23].
« M. le Gouverneur, dit le procès-verbal du 6 juillet 1944 du Conseil Général de la Banque de France, signale que de nouveaux prélèvements ont été effectués par les forces de la dissidence dans trois comptoirs de la zone sud. A Aubusson, le 30 juin, à la fin de l’après-midi, une quarantaine d’hommes armés ont coupé les voies d’accès de la succursale et se sont fait ouvrir les portes sur la menace de leurs armes. Ils ont exigé la totalité de l’encaisse, qui s’élevait à 8.205.000 frs. Celle-ci leur a été livrée contre un reçu. La succursale se trouve, de ce fait, complètement démunie de billets et la question se pose de savoir s’il y a lieu de l’alimenter à nouveau ». Le 27 juin, « un prélèvement de 15 millions a été opéré au Bureau de Saint-Claude » par le « Maquis du Jura ». Le 4 juillet, « les mêmes forces », sous le nom de « Maquis de l’Ain », prélèvent contre reçu 50 millions[24]. Le chef du bureau de Saint-Claude est contraint par les maquisards de se réapprovisionner immédiatement à Lons-Le Saunier, réclamant une somme de 100 à 150 millions de francs. Après délibération, les autorités préfectorales et bancaires décident de mettre à disposition du maquis 50 millions[25].
A l’échelle locale, les « réquisitions », sous forme de billets, de tickets de rationnement ou de prélèvements en nature permettent, notamment pour les maquis, de survivre mais elles font parfois l’objet d’abus ou, du moins, sont assimilées à des opérations de banditisme par la population.
Dans une circulaire adressée le 4 octobre 1944 aux Commissaires régionaux de la République et aux Préfets, le ministre de l’Intérieur, Adrien Tixier rappelle à l’ordre les « organisations de résistance » : « Le Conseil des Ministres a été informé que des organisations de résistance et des formations armées de la résistance détiennent des sommes considérables, en billets de la Banque de France, qu’elles ont été prises aux autorités d’occupation ou prélevées dans les Agences de la Banque de France, les Trésoreries Générales, les Trésoreries particulières et les Perceptions, non seulement pendant la période d’action clandestine, mais également dans de nombreux cas, après la libération. D’après les renseignements concordants, il semble que les sommes ainsi prélevées ou « réquisitionnées » atteindraient un total de l’ordre de Cinq milliards de francs. Le Conseil des Ministres constate que ces sommes appartiennent soit à la Banque de France, soit à l’État et qu’elles sont détenues illégalement par leurs possesseurs actuels »[26]. Le ministre ordonne impérativement la restitution de ces sommes, non seulement pour des raisons matérielles mais pour des raisons d’ordre moral, au nom de la « sauvegarde du prestige acquis par les organisations de résistance grâce à leur action héroïque devant les opinions françaises et mondiales »[27]. « Le Gouvernement ne saurait accepter l’explication d’après laquelle les sommes prises sur les autorités d’occupation, constitueraient un butin de guerre qui serait la propriété des organisations ou formations de résistance ayant effectué « ces prises ». En effet, il ne peut être question de la part d’organisations françaises de « prises de guerre » de fonds appartenant à la Nation Française »[28]. Il est décidé dans le même temps de prolonger, pour une période transitoire, l’aide financière aux organisations résistantes, progressivement réduite par le gouvernement provisoire[29].
Malgré tous les errements de l’année 1944, il s’agit d’une France souveraine qui a migré du côté des vainqueurs, dotée d’une armée forte de près d’un demi-million d’hommes, et qui, en dépit des destructions et des pillages, du manque d’équipements et d’armes, participe aux efforts alliés en intégrant les FFI, incorporés dans l’armée dès le 23 septembre 1944, avant la poursuite de la guerre en territoire allemand. La résistance, sous toutes ses formes, a fait de la France un pays ennemi et non un pays neutre - selon les critères de la collaboration d’État- dont les débris de gouvernement se réfugient à Sigmaringen, dans le Reich, suivis par de nombreux miliciens en fuite, accompagnés par leur famille.
Alya Aglan,
Professeur d’histoire contemporaine
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
[1] Il s’agit de notes, seule la préface est rédigée vers 1955, retrouvées au hasard dans un grenier par François Furet alors directeur de l’EHESS.
[2] L’inspiration vient de l'épisode tragique du sabordage de la flotte à Toulon à l'automne 1942, après l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht.
[3] Lucien Febvre fait en effet allusion dans son avant-propos au double sort des fils d'Henriette Psichari, secrétaire de L'Encyclopédie française, dont l'un, officier de marine, est mort devant Oran le 8 novembre 1942, lors du débarquement des troupes américaines, et l'autre, officier de carrière, a suivi la colonne Leclerc à la suite de l'appel du 18 juin 1940.
[4] Archives USJ, Beyrouth.
[5] Jean Cocteau, Journal 1942-1945, 1er juillet 1944, Paris, Gallimard, 1989, p. 522.
[6] Combat clandestin, n°58, juillet 1944, Cahiers Albert Camus, Camus à Combat, Paris, Gallimard, 2002, p. 137.
[7] Gervais à Valentin (Frenay à Delestraint), 8 avril 1943, cité dans Henri Frenay, La nuit finira, p. 338-339.
[8] Hans Umbreit, « Les Allemands face à la lutte armée », op. cit. , p. 208.
[9] Alya Aglan, La France à l’envers. La guerre de Vichy 1940-1945, Paris, Gallimard, folio, 2020.
[10] Commandant en chef à l’ouest au haut commandement de l’armée de terre, 6 mai 1944, archives régionales de Nuremberg, NOKW 1307, cité par Ahlrich Meyer, op. cit. , p. 176.
[11] Peter Lieb, « La 157e division de réserve et la lutte contre le maquis dans le Jura et les Alpes françaises », op. cit. p. 295.
[12] Tzvetan Todorov, Une tragédie française. Été 1944 : scènes de guerre civile, Paris, Éditions du Seuil, 1994.
[13] Peter Lieb, « Wehrmacht, Waffen-SS et Sipo/SD : La répression allemande en France 1943-1944 » in La répression en France à l’été 1944, actes du colloque organisé par la fondation de la Résistance et la ville de Saint-Amand-Montrond, 8 juin 2005, Éditions électroniques, 2007, p. 6-18.
[14] Tzvetan Todorov, op. cit., p. 59.
[15] Jean-Yves Ribault « La tragédie des puits de Guerry (été 1944) : étapes, rouages et mobiles d’une répression raciale », in La répression en France à l’été 1944, actes du colloque organisé par la fondation de la Résistance et la ville de Saint-Amand-Montrond, 8 juin 2005, Éditions électroniques, 2007, p. 41-55.
[16] Les développements qui suivent sont extraits de Alya Aglan, « L’argent de la Résistance », dans Alya Aglan, Olivier Feiertag, Yannick Marec (dir.), Les Français et l’argent. Entre fantasmes et réalités XIXe-XXIe siècle, Presses Universitaires de Rennes, 2011, p. 200-215.
[17] « En janvier 1945, la Banque (de France) fut avisée par le Commissaire de Police de Clermont-Ferrand que l’instruction ouverte en février 1944 venait d’être close par un arrêt de la Chambre de Révision de la Cour d’Appel de Riom ordonnant la suspension des poursuites, les auteurs du prélèvement ayant bénéficié de l’ordonnance du 5 juillet 1943 sur la légitimité des actes accomplis en faveur de la Résistance », cf. « Prélèvement irrégulier opéré à Clermont-Ferrand le 9 février 1944 par les FFI », archives de la Banque de France.
[18] Cf. P.V. du Conseil Général de la Banque de France, 3 août 1944, p.532-536. Le 21 décembre 1944, la Banque de France reçoit du Trésor, après enquête, 4.237 millions de francs à titre de couverture des pertes subies. Cf. lettre du Gouverneur de la Banque de France, Emmanuel Mönick, à Monsieur le Ministre des Finances (Direction du Trésor), du 19 décembre 1944. Après cette régularisation, le Trésor aurait récupéré 571 millions de francs en 1945 et 1946. Cf. « Prélèvements irréguliers opérés en 1944 par les FFI », note de H. Morant, 1er octobre 1952 (Archives de la Banque de France).
[19] Cf. P.V. du Conseil Général de la Banque de France, 3 août 1944, p.536-537. « Leur énumération par voie de presse », la destruction des réserves de Périgueux ou le renforcement de la surveillance des convois sont évoqués. Brunet confirme que « les Services du Maintien de l’Ordre vont mettre à notre disposition une escouade d’Inspecteurs armés de mitraillettes et circulant en automobile ».
[20] P.V. du Conseil Général de la Banque de France, 13 juillet 1944.
[21] P.V. du Conseil Général de la Banque de France, 21 septembre 1944, p.622. A cette date, les prélèvements opérés par la Milice sont évalués à 20 millions (le 30 août à Guéret) tandis que les « formations allemandes » auraient prélevé 2.573 millions dont 2.130 millions à Nancy les 7 et 13 septembre, loc.cit., p.623. Le 5 octobre 1944, les prélèvements de la Milice s’élèvent à 154.948.000 francs et ceux des Allemands à 2.781.844.821 francs. Cf. P.V. du 5 octobre, p.640.
[22] P.V. du Conseil Général de la Banque de France, 6 juillet 1944, archives de la Banque de France.
[23] P.V. du Conseil Général de la Banque de France, 13 juillet 1944, p.496.
[24] P.V. du Conseil Général de la Banque de France, 13 juillet 1944.
[25] Ibid. Le chef du bureau de Saint-Claude, M. Varin, est arrêté « par les forces de la dissidence » quelques jours après puis relâché, pour s’être opposé à un nouveau prélèvement de 50 millions. Cf. P.V. du 20 juillet 1944, p.506 et P.V. du 27 juillet 1944, p. 519.
[26] Circulaire n°26, Le Ministre de l’Intérieur à Messieurs les Commissaires Régionaux de la République et à Messieurs les Préfets, 4 octobre 1944, Archives de la Banque de France.
[27] Circulaire n°26, loc.cit., p.2.
[28] Circulaire n°26, loc.cit., p.1.
[29] Il est prévu de maintenir 100% des subventions pour le mois de septembre, 50% pour le mois d’octobre, 25% pour le mois de novembre 1944. Loc.cit., p.2.
